Saviez-vous que l’amour serait un virus?
Moins de 5% des espèces de mammifères pratiquent la monogamie. Or bien que ça ne soit pas le cas pour tous, les êtres humains sont aussi, jusqu’à nouvel ordre, considérés comme des êtres monogames, accordant à la vie à deux des buts nobles et tout autres que celui -plutôt sommaire- de procréer.
Le campagnol des prairies, par exemple, est un petit mammifère qui s’attache à sa compagne après la période d’accouplement. Une fois la besogne accomplie, en effet, quelque chose se passe dans son cerveau: il a tendance à rester près d’elle. Mieux encore, malgré la présence d’autres femelles aux alentours, une fois les petits arrivés, il aide «sa femelle» au toilettage, à nourrir les petits et par temps frais, il se blottit contre sa petite famille pour mieux les garder au chaud.
En revanche, le campagnol des champs (un proche parent du campagnol des prairies) est constamment attiré par l’odeur des femelles des environs et n’offre, par conséquent, aucun service après accouchement.
Les scientifiques ont cherché pendant des années les raisons de cette différence.
C’est le Dr Larry Young et ses collègues de l’Université Emory qui ont récemment découvert que c’est une molécule du cerveau qui serait responsable de la monogamie ou de la polygamie des animaux. Dans certaines parties du cerveau du campagnol des prairies on retrouverait davantage de cette molécule (appelée V1aR) que chez celui de son cousin, le campagnol des champs.
Pour les campagnols des prairies, l’amour agit comme une drogue. Quand le mâle trouve sa compagne, son cerveau libère une substance chimique appelée vasopressine qui agit sur son organisme à plusieurs niveaux :
régulation de la pression artérielle, sentiment de récompense, reconnaissance et appréciation du parfum de sa partenaire, entre autres.
En revanche, les campagnols des champs ont relativement peu de récepteurs de vasopressine dans le cerveau, de sorte que pour eux, l’odeur de leur compagne ne produit aucun sentiment spécial, d’où leur détachement vis à vis chacune de leurs conquêtes.
Les chercheurs auraient donc injecté un virus, formé d’une association moléculaire semblable à celle qu’on retrouve chez le campagnol des prairies, dans le cerveau de son homologue autrement libidineux, et ce, afin de vérifier si une différence allait apparaître dans le modus operandi du petit coureur à poils.
Eurêka, comme le rapportera plus tard la revue «Nature», le virus aurait bel et bien transformé les campagnols des champs en de fidèles compagnons, résolus désormais à se blottir aussi loyalement que les campagnols des prairies dans le doux nid familial, oubliant du coup les attrayants parfums de toutes les donzelles rongeant dans le coin.
Malheureusement mesdames, ce virus n’étant pas disponible sur le marché, aussi bien vivre avec… ou choisir habilement votre campagnol à deux pattes !