Saviez-vous que le manque de sommeil était un puissant hallucinogène?
Pour se faire un peu de promo, en 1959, le disc-jockey Peter Tripp teste ses limites et reste éveillé durant 8 jours au bout desquels il avait d’ores et déjà halluciné tour à tour des chatons, des souris, des mouches et des toiles d’araignées. À bout de nerfs et complètement parano, à la fin de son événement, M.C. Tripp aurait insisté sur le fait que l’électricien avait carrément échappé une électrode brûlante dans sa chaussure. On dit que c’est ce qui mit fin au spectacle et qui, ultimement, permit au pauvre bougre d’aller enfin se coucher.
Mais ça, c’était rien comparé à la performance de Randy Gardner qui tenta, en 1964, de s’emparer du record Guinness du plus long temps d’éveil consécutif. Dans le cadre d’une expérience scientifique Gardner est resté éveillé pendant 11 jours et nous vous présentons ici quelques notes, relevées parmi celles des chercheurs qui l’ont suivi:
Jour 2 : Difficulté à se concentrer. Signes d’astéréognosie (difficulté à reconnaître un objet placé dans la main par le toucher, la forme et le volume)
Jour 3 : Sautes d’humeur. Signes d’ataxie (pathologie neuromusculaire qui consiste en un manque de coordination fine)
Jour 4 : Irritabilité. Attitude peu coopérative. Trous de mémoire et difficulté à se concentrer. Première hallucination: Gardner prend un signe de rue pour une personne. Deuxième hallucination : Gardner imagine qu’il est Paul Lowe (un joueur de football -noir (!)- des Chargers de San Diego)
Jour 5 : Hallucinations. Rêveries hypnagogiques.
Jour 6 : Discours ralenti. Difficulté à nommer des objets communs.
Jour 7 et 8 : Irritabilité. Empâtement. Pertes de mémoire.
Jour 9 : Épisodes de pensée fragmentée; commence des phrases, mais ne les finit pas.
Jour 10 : Paranoia portée sur un animateur radio. Peu de souvenirs de la veille.
Jour 11 : Aucune expression. Troubles de l’élocution. Aucune intonation. Courtes durées d’attention. Capacités mentales réduites.
L’étude a pris fin alors qu’on a demandé à Gardner de compter à l’envers. S’arrêtant au beau milieu du décompte, lorsque les scientifiques lui ont demandé pourquoi il s’était tu, il a affirmé ne pas se rappeler ce qu’il était censé faire.